La référence
L'article
L'objectif de cette étude était de déterminer les facteurs prédictifs d’amélioration de la qualité de vie et de la claudication chez les patients bénéficiant d’une stimulation de la moelle épinière (SME) pour le traitement d’une ischémie des membres inférieurs.
Il s’agit d’une étude rétrospective chez 101 patients consécutifs atteints d’une claudication de quelques mètres traités par SME entre 1995 et 2012. Aucun ne pouvait bénéficier d’un geste de revascularisation et tous ont bénéficié d’un traitement médicamenteux optimal des ulcères les mois précédent le geste d’implantation. La qualité de vie a été évaluée à l’aide questionnaire SF-36. Il a été considéré qu’une amélioration de la qualité de la marche était obtenue dès lors que 30 mètres supplémentaires sans douleur pouvait être effectué sans douleur. Cette valeur a été définie comme « succès fonctionnel ». Une régression logistique a été utilisée afin d’évaluer les autres variables comme prédictives possibles de ce succès fonctionnel.
Aucune mortalité périopératoire ou complication significative n’a été observée. Après un suivi médian de 69 mois (1-202), la mortalité, l’amputation, et l’amputation partielle ont été respectivement de 8,9 %, 5,9% et 6,9 %. Un succès clinique fonctionnel a été observé dans 25,7% des cas. Les facteurs prédictifs indépendants de la réussite fonctionnelle lors de l'analyse uni-variée étaient le délai entre l'apparition de l'ulcère et la SME (p<0,001) et la distance de marche sans douleur avant SME (p<0,002). Le seul facteur prédictif de la réussite fonctionnelle en analyse multi-variée était le délai entre l'apparition de l'ulcère et la SME (le délai médian chez les patients avec et sans succès fonctionnel était respectivement de 3 et 15 mois). Il a été observé, pour un même périmètre de marche sans douleur que le taux de réussite diminuait de 40 % pour chaque mois écoulé séparant l’apparition de l’ulcère de l’implantation de la SME.
Dans cette série le délai entre l'apparition de l'ulcère et la SME est inversement corrélé à l’amélioration de la qualité de vie et du périmètre de marche. De plus grands effectifs sont nécessaires pour confirmer ces résultats.
Le commentaire
Il est maintenant établi que la SME permet de diminuer les douleurs, d’augmenter les valeurs de TcPO2 et d’améliorer le stade clinique (passage d’un stade III à II selon Fontaine) des ischémies des membres inférieurs inaccessible à la revascularisation1. On sait, en revanche, que les ulcères ne sont que peu — ou pas — améliorés par la stimulation. Le travail de cette équipe d’un service de chirurgie vasculaire milanais démontre le bénéfice à proposer rapidement la SME après l’apparition de l’ulcère. Les précédentes études qui s’étaient penchées sur les facteurs prédictifs de bon résultat de la SME dans cette indication avaient surtout pointées l’influence de la TcPO2 2-4. Dans la présente étude cette TcPO2 semble peu intervenir à l’inverse du délai « apparition de l’ulcère - début de la SME ».
Bibliographie
1. Ubbink DT, Vermeulen H. Spinal cord stimulation for non-reconstructable chronic critical leg ischaemia. Cochrane database of systematic reviews. 2013;2:CD004001.
2. Gersbach PA, Argitis V, Gardaz JP, von Segesser LK, Haesler E. Late outcome of spinal cord stimulation for unreconstructable and limb-threatening lower limb ischemia. European journal of vascular and endovascular surgery : the official journal of the European Society for Vascular Surgery. Jun 2007;33(6):717-724.
3. Ubbink DT, Gersbach PA, Berg P, Amann W, Gamain J. The best TcpO(2) parameters to predict the efficacy of spinal cord stimulation to improve limb salvage in patients with inoperable critical leg ischemia. International angiology : a journal of the International Union of Angiology. Dec 2003;22(4):356-363.
4. Colini Baldeschi G, Carlizza A. Spinal cord stimulation: predictive parameters of outcome in patients suffering from critical lower limb ischemia. A preliminary study. Neuromodulation : journal of the International Neuromodulation Society. Nov-Dec 2011;14(6):530-532; discussion 533.
Dr Marc Lévêque
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