La thermocoagulation lombaire

Qu’est-ce que l’arthrose des articulaires postérieures ?

La colonne vertébrale est constituée d’un empilement de vertèbres. Les cinq vertèbres du bas constituent le rachis lombaire qui termine par le sacrum. Entre chaque vertèbre se trouve un disque qui sert d’amortisseur. En arrière du rachis se trouvent les articulations postérieures (AP), qui relient les vertèbres entre elles, et participent à la fois à la stabilité et à la mobilité du rachis.

Comme toutes les articulations, elles peuvent être le siège d’arthrose et devenir la cause de lombalgie.

D’autre part, en raison des contraintes que subit la colonne vertébrale il apparaît au fil du temps des discopathies par « usure » de ce disque amortisseur.

Ainsi les articulations postérieures et les disques du rachis lombaire s'usent et il est parfois difficile de faire la part entre les douleurs liées à la discopathie ou à l’arthrose des articulations postérieures.

On évalue à environ 45% les lombalgies liées à cette arthrose. Ces douleurs sont transmises au cerveau par des petits nerfs provenant d'une branche du nerf rachidien, le rameau médial articulaire.

AP : apophyse articulaire postérieure,

RM : rameau médial articulaire

RL : rameau latéral

A. Th : aiguille de thermocoag.

 

Quels sont les alternatives thérapeutiques ?

Les crises douloureuses se soignent par du repos et des médicaments (anti-inflammatoires, antalgiques et myorelaxants). Même si elles sont parfois très douloureuses, les crises aiguës ne justifient jamais d’un traitement chirurgical. Lorsque des douleurs permanentes s’installent entre les crises, on dit que les douleurs deviennent chroniques. Le traitement reste alors médical en première intention. On associe également de la rééducation par kinésithérapie et des conseils d’hygiène du dos pour apprendre à limiter les contraintes sur sa colonne vertébrale.

Il est également possible d’envisager des infiltrations de corticoïdes sous contrôle radiologique ou scanner.

 

Quelles sont les indications de ce geste ?

La thermocoagulation est une option intéressante, car elle est peu invasive. La décision de traitement n’est jamais une urgence et doit faire l’objet d’une discussion entre le patient et son chirurgien.

 

En quoi consiste cette intervention ?

L’hospitalisation se fait en ambulatoire (entrée le matin, sortie 5 heures après). La procédure dure environ 30 minutes. 

L’anesthésie locale et la neuroleptanalgésie permettent d’annihiler la douleur sans que vous soyez totalement endormi, ainsi vous pourrez répondre aux questions posées par l’opérateur pour mieux coopérer.

Vous êtes installé sur le ventre, avec la radiographie positionnée de face afin de repérer les articulations.

Une aiguille est descendue sous contrôle radiographique jusqu’à obtenir un contact osseux contre l’articulation, tout en injectant un anesthésique local. Puis on place une électrode au travers de cette aiguille, pour réaliser une thermolésion ou une radiofréquence des ramifications nerveuses « une rhizolyse » contre ces articulations, une minute à 80°C (en cas de thermocoagulation).  Selon les symptômes, il est bien sûr possible de réaliser d’autres thermolésions. Il est également possible de réaliser une infiltration de corticoïdes avant de retirer l’aiguille.

 

Quels sont les risques de l’opération ?

Toute intervention sur le corps humain, même conduite dans des conditions de compétence et de sécurité maximale, comporte un risque de complications.

Les risques de cette intervention sont faibles, et limités au mauvais positionnement de l’aiguille, au risque d’hématome sur le trajet de l’aiguille, ou d’une réaction allergique à un produit d’injection ou anesthésique. En dépit de la méticulosité du geste chirurgical, des troubles peuvent apparaître pendant ou après l'opération. 

On retiendra les risques génériques liés à toute intervention et à toute anesthésie (un décès sur 15 000 en France) consécutive d’allergies, de défaillances cardiaques, d’infections pulmonaires, urinaires, hépatites, etc.

Les risques propres à cette technique sont rares, on retiendra :

  1. Des fourmillements peuvent apparaître dans la jambe. Ils sont exceptionnels et correspondent à échauffement d'un ou plusieurs nerfs de la jambe. Ce phénomène est le plus souvent régressif en quelques jours. 
  2. Le risque d'hématome postopératoire est également quasi nul, car il s'agit d'une simple piqûre. Si toutefois vous prenez des anticoagulants ou antiagrégants plaquettaires, vous devrez les arrêter avant l'intervention.
  3. Le risque d'infection est quasi nul, car le chauffage de l'électrode à 80-90° stérilise le site, une infection superficielle de la peau est toujours possible, mais souvent bénigne. Le matin du geste, vous aurez pris une douche à la Bétadine. Une infirmière préparera le site de ponction.
  4. Certaines pathologies peuvent favoriser la survenue d'une ou plusieurs des complications citées : l’alcoolisme, le tabagisme, la toxicomanie, les affections psychiatriques et les affectations chroniques en général (diabète, trouble de la coagulation, maladies du foie, etc)  

Que devez-vous indiquer à l’anesthésiste ?

  • Toute prise d’anticoagulants, d’aspirine, etc.
  • Tout terrain allergique ou asthmatique : un traitement préventif adapté vous sera alors prescrit.
  • Toute infection récente : fièvre, rhume, mal de gorge, soins dentaires, etc.
  • Tout retard de règles, grossesse, allaitement : sachant que la dose d’irradiation aux rayons X est faible, des précautions devront être systématiquement prises.
  • Toute maladie sérieuse : cardiaque, neurologique, diabète, etc.
  • Vous devez être strictement à jeun : suivez les consignes de votre médecin anesthésiste.

Quelles sont les suites de l’opération ?

  • Vous devez observer le repos pendant la fin de la journée. Les semaines suivantes, pour vous baisser, il faut plier les genoux et garder le dos raide.
  • Vous enlèverez le pansement entre 24 et 72 heures.
  • L’effet peut être différé raison pour laquelle il faut parfois attendre une quinzaine de jours avant d’observer les résultats de cette technique.
  • Vous ne devez pas conduire pour rentrer chez vous, vous devez être accompagné pour le retour à domicile.
  • L’arrêt de travail est généralement de 48 à 72 heures 

Extrait de "Chirurgie de la douleur" par le Dr JM Fuentes, © Springer-Verlag Paris 2014